tupi or not tupi
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Références et bibliographie


Bibliographie et crédits




tupi or not tupi

Theodore de Bry, America tertia pars, 1592 (extrait)

 

tupi or not tupi

India Tupi, Albert Eckhout, 1641 (extrait)


Le projet est élaboré autour des multiples connotations et imageries de l'anthropophagie et du cannibalisme. À partir de ces métaphores, les auteures contruisent plusieurs courtes histoires abordant la négritude, la guerre, le corps, la nourriture comme espaces symboliques de résistance et d'assimilation. La XXIV Biennale de São Paulo (1998), dont le thème titre est l'Anthrophagie et les histoires du cannibalisme, est ici un guide et une source majeure de références.


Histoires d'une voracité
La figure du cannibale hante l'histoire occidentale, donnant lieu à un corpus prolifique qui s'ancre dans la mythologie classique, traverse la littérature populaire et orale, l'art et la théorie, s'adaptant au gré des courants philosophiques et politiques des époques. Le Cannibale, ce «fantôme de l'Europe» est un construit de la colonialisation : modèle abject ou emblème du renouveau, il répond aux justifications et aux querelles de la conquête. À cette figure s'oppose celle de l'Anthrophage culturel qui pratique quant à lui une dévoration symbolique et rituelle. L'Anthropophage revisite le passé, le projete dans le futur, dans une vision circulaire de l'histoire. Aujourd'hui, où les questions d'identité et l'hybridité sont les lieux communs du post-modernisme, de la globalisation, des djs et du web, le cannibale comme l'anthropophage ressurgissent et se réimposent comme pratiques, symboles et métaphores de nos sociétés affamées, comestibles et voraces.


Cannibalisme
Dans son essai «Le cannibale - Grandeur et décadence», Frank Lestringant accorde l'invention du nom cannibale à Christophe Colomb et montre comment du XVIè au XIXè siècle, le modèle du cannibale répond aux besoins impérialistes ou encore aux résistances anti-coloniales.


«Les écrivains et philosophes du XVIè siècle —Montaigne en particulier— transforment la figure repoussoir qu'est l'anthropophage des Amériques en un modèle positif. Si le libre et heureux cannibale mange la chair de l'adversaire vaincu, c'est en vertu d'une tradition parfaitement connue et comprise de la victime et non par appétit ou cruauté. On lui pardonnerait presque les quelques jésuites et colons qu'il se met sous la dent ! Les prétendus civilisés feraient preuve d'une barbarie et de turpitudes bien pires.

Au XVIIIè siècle, les «intellectuels» des Lumières usent du Cannibale dans la querelle anticoloniale et anticatholique.

Mais la «grandeur» du Cannibale, son image positive se dégradent à la fin du XVIIIè siècle et surtout au XIXè siècle.

C'est la décadence.
Il devient une figure odieuse, assouvissant un appétit bestial et désordonné, suscitant les rêveries primitivistes d'un Sade ou d'un Flaubert, ce dernier inspiré par l'affaire du Radeau de la Méduse dans laquelle l'Occident se mire avec effroi.»


Radeau de la Méduse

Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse, 1818
























Anthropofagia

Tupi or not Tupi, that is the question
Ne m'intéresse que ce qui n'est pas à moi
(Oswald de Andrade, Manifesto Antropofago, 1928)

Fondé par le poète et agitateur Oswald de Andrade à la fin des années vingt, l'«Anthrophagie» se présente comme un courant du modernisme brésilien où le but premier est la recherche d'une identité nationale originale, qui passe par la réappropriation des cultures autochtones et métisses. L'Anthropophagie culturelle est ainsi proposée comme une dévoration rituelle des idées, des techniques, ou encore des gens venus d'aillleurs qui assimile les qualités de l'autre tout en rejetant ses défauts. L'Anthrophagie critique l'impérialisme, l'hégémonie, et la conception occidentale et chrétienne de l'histoire. Elle propose en contrepartie une vision circulaire du monde où le passé mythique se trouve transfiguré par le futur technologique.

Le Manifesto Antropofago de 1928 prescrit ses règles de consommation : dans une volonté d'ouverture à l'autre, tout doit être mangé, le bon comme le mauvais. Pas de xénophobie, pas de ségrégration, pas d'essentialisme, l'Anthropohagie est intégrative : on mange ce qui est bon afin d'en assimiler vertus et qualités et on mange aussi ce qui déplaît, le plus rapidement possible, afin de l'éliminer dans le processus digestif.

Le mouvement Antropofagia se nourrit des écrits des récits de voyage des explorateurs de la nouvelle Amérique, de Montaigne, de Nietzche, Marx, Engels, Freud, etc. Très proche de l'Art nègre de Senghor, il entretient d'étroites relations avec les courants artistiques et intellectuels européens communistes, futuristes, dadaïstes, et surréalistes des années 1920.

Il traverse l'histoire de l'art et se nomme aujourd'hui post-modernisme, tropicalia, hip hop et nouveaux médias.


 

Antropophagie et nouveaux médias



Vuk Cosic,
International cannibalism sign,
History of art for airports

À lire
CELmm (Cannibales En Ligne)
Texte critique de Bernard Schütze publié dans le magazine électronique du CIAC, no. 10. Perspective historique de l'anthropophagie et analyse des oeuvres web deRtmark, Mongrel, Jodi et Mark Napier



Gilbertto Prado, Depois do turismo vem o colunismo





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