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Quatre mots qui appellent le récit : factual, formal, unexpected, experienced
Au moment de préparer le travail d’adaptation du travail de Magnus Bärtås à l’internet, nous nous sommes posés la question de l’articulation de ses biographies, de leur mode de construction narrative et du potentiel de reconstruction que nous pourrions y ajouter. Lors d’une discussion avec l’artiste, il échappa quatre mots qui ont guidé notre entreprise de réinterprétation de son travail pour l’internet : factual, formal, unexpected, experienced. En parlant de la construction de ses films, il avoue insérer tout d’abord quelques informations formelles et factuelles pour ensuite glisser un élément de surprise, quelque chose d’inattendu — unexpected —une anecdote, un sujet qu’il reprendra plus tard dans le film. Peu à peu les fragments d’histoire se multiplient, se recoupent, s’enchevêtrent pour finalement donner une biographie très subjective des personnages qu’il nous présente.
Dans le montage original des films de Bärtås, l’ordre dans lequel se succèdent les énoncés, les statements à la base de Who Is…?, relève indéniablement du choix de l’artiste. Pour l’internet, où l’internaute est habitué à davantage de contrôle et à une navigation non linéaire, il nous a semblé intéressant de redistribuer les énoncés en fonction d’une classification fondée sur ces quatre mots, en présumant que l’internaute allait probablement consulter quelques énoncés factuels avant de sauter à l’une ou l’autre des quatres catégories, reconstruisant alors une nouvelle version du film original, mêlant ici et là l’une des langues proposées.
Re-enacted biographies : une reconstruction forcément subjective
Pour nous, ce procédé présente un autre avantage en soulignant à gros traits quatre types d’informations nécessaires à la construction d’une biographie, d’une biographie re-enacted selon la méthode Bartas. Cette même méthode, nous l’avons transposé dans la section interactive où les internautes peuvent construire eux-mêmes de nouvelles biographies. Entendons-nous bien, ce n’est pas la méthode que Bärtås a suivie au départ, sa démarche étant beaucoup plus intuitive, mais ce sont les mots qu’il a employés pour nous l’expliquer et que nous avons saisis au vol.
La classification des énoncés demeure un exercice forcément subjectif et quiconque tentera l’exercice sera confronté aux mêmes difficultés. Quelle est la part d’inattendu – unexpected – dans un événement vécu – experienced ? Tel énoncé est-il plus formel que factuel ? En réalité, ces qualificatifs ont des zones grises et c’est probablement dans cet équilibre de chevauchements, de surprises et d’oppositions que réside le véritable secret de ses récits.
Pour consulter le montage original des films de Magnus Bärtås, cliquez sur les images à gauche de l'écran.
Michel Lefebvre
Agence TOPO |
