Artiste-photographe, Élène Tremblay détient une maîtrise en arts visuels, photographie, de l’Université Concordia ainsi qu'un baccalauréat en arts visuels de cette même institution. Son travail photographique a été montré en Écosse, France, Belgique, Espagne, Grèce, aux États-Unis, au Canada et au Québec. Parmi ses expositions solos, notons Trous de mémoire présenté à la Galerie Vox et à la Gallery 44 de Toronto, un corpus qui dresse un parallèle entre les limites de la photographie comme outil mnémonique et celles de la mémoire de l'enfance. Elle se penche dans son travail sur le sentiment de perte associé à la trace photographique, qu'elle rend perceptible par diverses manipulations qui viennent effacer certaines parties de l'image.

On a pu voir son travail récemment dans la revue Prefix no 3 et dans l'exposition de groupe Eternal Commentary à la TPW Gallery, Toronto, en 2001. Son travail a été publié dans plusieurs revues et catalogues et ses œuvres font partie de collections publiques et privées.

Tailleur Oppens
4828, boul Saint-Laurent

Sur un mannequin sont épinglées les histoires morcelées de femmes dont chaque pan de vie ajoute différents motifs à l’étoffe d’un vêtement. Taillées dans leur passé, les pièces recousues du patron reformulent l’identité des sujets, proposant en quelque sorte une re-confection de la mémoire. L’ensemble laisse sous-entendre un album de famille : celui de plusieurs générations de mères et de filles. Porter son passé comme une robe esquisse les contours du corps féminin qui, à travers les époques, réussit à échapper aux modèles idéalisés.

Extrait du texte
Villeneuve revisité
de Sylvette Babin
ÉLÈNE TREMBLAY ++++++++++++

ANGLAIS

À VENIR

 

 

To Wear One’s Past Like a Dress

Fragments of women’s stories are pinned on a mannequin, and with each life tale a different motif is added to the fabric of a piece of clothing. Cut from the cloth of their past, the re-sewn pieces of the pattern reformulate the subjects’ identity, through a sort of reconfection of memory. The whole suggests a family album : that of several generations of mothers and daughters. Porter son passé comme une robe [To Wear One’s Past Like a Dress] sketches the contours of the feminine body that has succeeded in escaping idealised models throughout different historical periods.

Excerpt from
Villeneuve revisited
by Sylvette Babin
Translation by
Bernard Schutze

INTENTION

La boutique de Madame Oppens et son métier de tailleur pour femmes de taille forte m'ont incitée à travailler sur la représentation des femmes, un sujet que j'ai souvent abordé dans mon travail antécédent et plus précisément, cette fois-ci sur l'idée du vêtement.

J'ai fabriqué un vêtement en pièces détachées à partir de grandes photographies noir et blanc et couleur découpées selon un patron. Ces morceaux de patron ont été partiellement assemblés à l'aide d'épingles droites sur un mannequin de couturière sans tête installé en vitrine. Sur ceux-ci on pouvait voir des fragments de corps, de paysages, d'objets apparamment issus de l'album de famille d'une personne. Sur ces gros-plans lisibles d'assez loin on retrouvait l'idée du motif (feuillage d'un arbre, mains, fleurs, visages, enfants, motifs d'une robe...). L'assemblage de ces images comme un vêtement sur un corps explore l'importance de l'histoire personnelle dans l'apparence du corps et de la personne. Le corps (ou son corollaire le mannequin) devient support et élément récepteur/capteur de mémoire.

Aussi, j'ai réalisé une sorte de frise d'environ 8 pouces de haut installée dans le bas de la vitrine sur toute sa longueur, faite de photographies mises bout à bout sur lesquelles on pouvait voir des femmes de différentes époques dans la vie quotidienne, des photographies touchantes provenant d'albums de famille. Comme pour le vêtement en morceaux sur mannequin, les images de cette frise sont vivantes et non-stéréotypées et je les utilise en réaction aux images stéréotypées et figées du monde de la mode et des magazines. Ici, les femmes représentées sont des personnes aux histoires complexes qui ne peuvent être réduites ou comprises en un seul coup d'oeil.

J'ai également photographié des patrons de la même robe mais de différentes tailles et je les ai imprimé les uns dans les autres afin de rendre visibles les différences entre les dimensions de chacun. Ouverts à plat, ils étaient reproduits en grandeur nature et installés dans la boutique sur un support accroché sur une patère. Cet assemblage attire l'attention sur la notion de tailles fortes.

Élène Tremblay