Danielle Hébert possède un baccalauréat en arts visuels, avec une majeure en photographie de l'Université Concordia. Depuis 1985, elle expose régulièrement dans plusieurs galeries de Montréal et de Québec. À partir d'images du quotidien et de paysages qui l'entourent, elle tente de rendre visible ce que l'on ne voit pas. Pour ce faire, elle recrée une dramatique narrative composée d'ombres et de lumières, de pliages et d'images familières. Son travail prend soit la forme d'objets-photos où le support du papier est mis en valeur par un travail qui se conjuge à l'image, soit celles d'images dans toute leur résonnance.

 

Dépanneur Primo
Coin Villeneuve et St-Urbain

À l’image de ce commerce, Danielle Hébert a choisi de donner à la photographie une vocation utilitaire. Alliant l’art au confort et au repos, ce banc de métal, arborant une scène de ville au crépuscule, permet aux passants de s’y asseoir quelques instants pour observer le paysage urbain environnant. Asseoir invite à la convivialité. À l’intérieur, on pourra aussi découvrir de "nouveaux produits" étalés parmi les friandises et dont les emballages ont été conçus à partir d’images aux références quotidiennes.

 

Extrait du texte
Villeneuve revisité
de Sylvette Babin

Danielle Hébert has a Bachelor of Fine Arts with a Major in Photography from Concordia University. She has exhibited her work regularly in Montréal and Québec City since 1985, and in 1997 participated in the OFF Festival in Arles, France. As a member of FOVEA (formerly atelier VOX) since 1992, she has participated in an urban street poster project [In the street/Dans la rue and Private parts/Parties Intimes], presented in the Montreal Mois de la Photo (1995 and 1997); Fotofeis, Scotland (1997) and in Tour de Villeneuve (2001) in Montréal.In her work, Hébert combines images and photographic paper which she folds to create three-dimensional photo objects. Through this conjugal relationship of image and object the idea of 'presence' is materialized.

 

To sit

In the image of this store, Danielle Hébert has chosen to give photography a utilitarian vocation. Art and restful comfort meet on this metal bench adorned with a city scene at sunset. Strolling passersby are invited to sit here for a few moments and take in the surrounding urban landscape. Asseoir [Sit] is a convivial invitation. Inside the store one may discover "new products" spread among the candy bars section. The wrappings of these items were conceived from images that refer to everyday life.

 

Excerpt from
Villeneuve revisited
by Sylvette Babin
Translation by
Bernard Schutze

INTENTION

Pour Tour de Villeneuve, j'ai investi un espace qui « insuffle » à la fois l’utilitaire et le symbolique : le dépanneur. Le dépanneur occupe une place centrale dans la vie d’un quartier ; il y règne des qualités d’ambiances variées puisqu’il est ouvert depuis les petites heures du jour jusqu’à tard le soir et devient le lieu de passage obligé par les gens du quartier pour pallier aux petites urgences de dernière minute ou simplement un lieu pour y faire une petite escale journalière, sans but précis.

En termes d'espace, j'ai investi l’extérieur du dépanneur et introduit quelques petites interventions à l’intérieur. À l’extérieur, sur le trottoir et près de la porte d’entrée, j’ai installé une photo-sculpture, en forme de banc, sur laquelle les passants pouvaient s’asseoir... offrant ainsi aux gens un petit arrêt dans le temps, un lieu pour contempler l’agitation urbaine, un lieu pour regarder les lumières des lampadaires, un lieu pour plonger en soi, etc. Le banc-photo a la qualité de nous transporter ailleurs et ici-là, et de suggérer une mise en abîme puisque sur le "banc-photo", on y voit une image de scène urbaine prise à la tombée de la nuit. Le soir (ou à toutes heures), les gens se sont assis sur une image de soir.

Le "banc-photo" a servi de point d’ancrage de l’installation photographique et, de là, j’ai investi de manière discrète l’intérieur du dépanneur (tablettes, frigidaires, comptoir, parquet et vitrine) tout en créant des liens avec le "banc-photo" à l’extérieur. Pour l’intérieur, j’ai utilisé des photographies (de petits formats) liées aux gestes quotidiens, parfois répétitifs et anodins et qui, soudainement, prennent un aspect particulièrement imprévu; comme exemple, des photos suggestives et festives : des paysages aux lumières particulières, des soupers, des scènes familières, des petites actions, etc..

L’écart entre les images et les éléments spécifiques au dépanneur était propice aux suggestions multiples entraînant le « regardeur-marcheur » vers un univers onirique, entre l’intérieur et l’extérieur, entre le dedans et le dehors. Ainsi, la juxtaposition d’un univers onirique et du lieu réel questionnait l’espace fonctionnel et la nécessité de créer des espaces fictifs (non-fonctionnels), ouvert sur tous les possibles.

Danielle Hébert