Née en Ontario, Suzanne Grégoire vit et travaille à Montréal. Elle a participé à des expositions collectives au Québec, en Ontario et en Europe. Parmi les plus récentes, mentionnons Peep à la Galerie 44, à Toronto en 2001, Les interstices à la galerie VOX, à Montréal en 2000; Demi-veille, à la galerie Vu de Québec, en 2000. Elle a aussi participé à Parties intimes/Private Parts avec le collectif FOVEA à FOTOFEIS en Écosse en 1997. Elle détient un baccalauréat en beaux-arts, majeure en photographie de l'université Concordia.

Verrerie d'art classique
4801, boul. Saint-Laurent

La peau est le support sur lequel le temps inscrit ses mémoires. Ainsi, chaque ride, cicatrice ou texture dessine l’histoire de celui ou celle qui la porte. La mosaïque translucide de L’éclat des chairs nous offre des parcelles de corps à différentes étapes du processus de vieillissement. Le parallèle entre les échantillons de verre et l’aspect cellophane de la peau exprime la fragilité et la délicatesse du corps. Mais plus encore, on retient l’idée de la transparence comme une métaphore du dévoilement de l’intime.

Extrait du texte
Villeneuve revisité
de Sylvette Babin

Originally from Ontario Suzanne Grégoire lives and works in Montréal. She has participated in several shows in Québec, Ontario and in Europe. Amongst the most recent ones are "Tour de Villeneuve" with le Mois de la photo in Montréal 2001, "Peep" at Gallery 44 in Toronto 2001, "Les interstices" at Galerie Vox Montréal 2000, "Demi-Veille" at Galerie Vu in Québec City 2000. She also participated with the collective Fovea in "Private Parts/Parties Intimes" at FOTOFEIS International Photo Festival in Scotland in 1997. She has a degree in Fine Arts from Concordia University in Montréal.

The Breaking of Flesh

Skin is the surface upon which time writes its memoirs. Each wrinkle, scar or texture tells the story of the person who bears it. The translucent mosaic L’éclat des chairs [The Breaking of Flesh] displays fragments of bodies at different stages of the ageing process. The parallel between the glass samples and the skin’s cellophane quality expresses the body’s fragility and sensibility. However, what is most forceful here it is the idea of transparency as a metaphor of unveiled intimacy.

Excerpt from
Villeneuve revisited
by Sylvette Babin
Translation by
Bernard Schutze

INTENTION

Ma démarche artistique questionne les événements qui ont un caractère intimiste. Je cherche une évocation qui pousse à scruter l'image pour y découvrir un sens caché, une existence autre dont est porteur l'objet photographié. Je manipule souvent mes photos pour qu'elles rompent leurs liens au document, pour y découvrir une part indicible du réel.

Pour ce projet in-situ, j'ai exposé des images sur des échantillons de verre. Les échantillons étaient présentés comme ils le sont normalement dans le commerce : ils sont petits et en grand nombre, étalés sur plusieurs rangées dans la vitrine. Mes photos étaient présentées sur le verre et j'ai utilisé une technique assurant une transparence aux images, leur permettant ainsi de fusionner avec la transparence même du verre. Il n'y avait pas d’impression sur chaque morceau de verre; elles étaient plutôt parsemées ça et là à travers les rangées dans la vitrine. Cela donnait l'impression que les verres transparents faisaient partie des échantillons présentés pour la vente, mais avec un second regard on y voyait des détails de sujets familiers et intimistes.

Ces photographies étaient des images de parties du corps où on reconnaissait le processus de veillissement. La fragilité, la transparence ainsi que les fragments de verre m’ont inspiré cette thématique. J’ai associé cette fragilité, la délicatesse et la finesse du verre à celle du corps. Sa transparence à celle d’une peau où le teint devient parfois translucide, clair, délicat et révélant souvent des veines bleues apparentes.

Le morcellement du verre me rappelle des morceaux et des éclats d’une vie, ici représentés à travers l’empreinte du temps sur le corps dispersé.

Suzanne Grégoire