PHARES GAMMA

Médias liquides. L’ordinateur fait appel à des procédures aléatoires, basées sur le hasard, ce qui nous renvoie à Mallarmé et à son Coup de Dés, à la théorie des quantas et aux «chance operations» de Cage. PHARES GAMMA est un cédérom en lecture infinie où se succèdent mots, images et sons.

JACQUES DONGUY

Jacques Donguy est l'auteur d'Une Génération 1960-1985 sous-titré Poésie concrète Poésie sonore Poésie visuelle (éd. Henri Veyrier, 1985), d'Aluminium Nights écriture automate computeur et autres (Le Castor Astral, 1987), des entretiens de Poésure et Peintrie, (MAC, Marseille, 1993), de Tag-Surfusion aux (éditions de l'Évidence, 1996) et traducteur de l'Anthologie d'Augusto de Campos (éditions al Dante, 2002.

Il officiait récemment à titre de commissaire pour l'exposition Terminal Zone — Poésie et nouvelles technologies organisée par le Centre régional des lettres de Basse-Normandie et présentée au Centre d'Art Contemporain de Basse-Normandie du 10 au 27 octobre 2002.

Il travaille avec l'ordinateur depuis 1983 en collaboration avec Guillaume Loizillon.

Jacques Donguy

Pour ce CD-ROM, PHARES GAMMA (2002), Jacques Donguy utilise des images et des sons enregistrés correspondant à une mémoire clonée, dans l’idée utopique d’un art qui serait un clone parfait de la vie. Mémoire vive qui devient mémoire de l’ordinateur qui n’oublie rien. Le texte fonctionne comme un échantillonnage d’un imaginaire de notre époque qui devient, traité à partir d’un programme, texte infini, labyrinthique, comme un réseau neuronal, un clone recyclé à l’infini qui ne s’arrête jamais, comme l’encéphalogramme, comme la vie, sauf accident biologique ou mécanique.

L’ambition au-delà de ce prototype est de développer cette écriture verbi-voco-visuelle dont avait rêvé Joyce et Hausmann, à travers ce qu’il appelait l’Optophonétique, et que permet l’ordinateur, codant indifféremment textes, sons, images fixes et images animées, en mutation constante ou «Cyber Flesh».

La réalisation de PHARES GAMMA est une programmation, assez démarquée de la pratique et des habitudes traditionnelles du travail audio-visuel fondé sur le montage et le mixage. La programmation implique un autre rapport aux éléments constitutifs de la pièce dans la mesure où elle ne les combine pas selon un processus linéaire et maîtrisé mais suivant un descriptif langagier qui ne présage pas complètement d'un résultat visuel, sonore ou sémantique. Elle permet plutôt de fournir un cadre et un contexte de développement applicable de manière indépendante à une réalité instantanée du texte, de l'image et du son. Il faut aussi considérer ces éléments comme un stock dans lequel on puise aléatoirement et où cet aléatoire agit comme une métaphore de la complexité et comme une démultiplication de la répétition qui n'est plus celle d'un événement identique à lui-même mais celle des conditions rythmiques et spatiales qui façonnent l'apparition, la rencontre et la disparition des différents composants.

La première publication sur écran de mes textes traités à l'ordinateur en défilement infini a eu lieu le 23 avril 1983 à Paris, dans le cadre de la Journée de la Poésie. Il s'agissant d'extraits de ce qui sera plus tard ALUMINIUM NIGHTS écriture automate computeur et autres traités par Guillaume Loizillon, musicien et informaticien, sur DAI Personal Computer. La cassette a disparu, seule reste une série de photos d'écran. Il y avait aussi l'idée d'un texte qui, tout en étant le vôtre, vous échappe, puisque re-produit par la machine.